La derniĂšre enquĂȘte de consommation engendra un cataclysme du secteur pinardier. La biĂšre aurait dĂ©passĂ© le vin comme boisson prĂ©fĂ©rĂ©e des Français 51 % contre 49 %. J'avoue un brin de scepticisme Ă la vue de ces chiffres, sachant qu'on a interrogĂ© un Ă©chantillon de 1 025 desdits Français, ce n'est pas Byzance. On ne nous dit rien de la mĂ©thode utilisĂ©e Internet ? c'est moins cher, mais moins reprĂ©sentatif, ni des intervalles de confiance, ni encore de leur niveau ou pourcentage. Bref, on ne nous dit pas on reçoit de jolis graphiques â pour ĂȘtre jolis, ils sont jolis â, avec des pourcentages prĂ©cis, comme s'ils Ă©taient taillĂ©s dans le diamant brut du Botswana. Cependant, qui s'est un jour penchĂ© sur des sondages sait qu'il faut les prendre avec quatre paires de pincettes ça fait huit. Il n'est qu'Ă voir les prĂ©dictions hasardeuses des derniĂšres Ă©lections filant la mĂ©taphore de Peter soi-mĂȘme, celui du principe qui porte son nom, on peut dĂ©crire les sondagiers comme le genre d'expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prĂ©dit hier ne s'est pas produit aujourd' LIRE AUSSILe prof en libertĂ© â Le vin, d'un totem Ă un autreSi c'Ă©tait pour nous dire que l'on devrait compter avec la biĂšre dĂšs demain, on le savait depuis avant-hier. Cela fait plus d'un lustre que les universitĂ©s de Bordeaux et de Reims m'ont chargĂ© des cours de zythologie id est biĂ©rologie. Exit la mousse de contrebande, celle que n'aurait pas reniĂ©e Rabelais qui faisait pisser Gargantua comme la fontaine de Trevi. La biĂšre se pose un peu lĂ en boisson plaisante, franche, subtile⊠Une concurrente du vin ?Qui est arrivĂ© premier ?S'il restait un doute sur la prĂ©fĂ©rence des Français, une dĂ©marche marketing bien fichue ferait appel Ă l'Histoire afin de trancher le nĆud gordien. Ergo, la question se pose de savoir qui est arrivĂ© en premier l'Ćuf ou la poule ? TĂȘtard ou grenouille ? La biĂšre ou le vin ? Au fond du fond, cela ne change rien, mais cela donne une note, une coloration, une petite musique d'accompagnement. Si vous visitez la Provence et ses rosĂ©s, on vous cassera les pieds Ă l'envi sur la citĂ© phocĂ©enne qui pressait le raisin quand Romulus et Remus en Ă©taient encore Ă tĂ©ter les mamelles de la louve. Si vous visitez la vallĂ©e du RhĂŽne, on prendra appui sur les Romains dĂ©veloppeurs de crus le long de la voie fluviale, ne parlons pas de nos amis bourguignons, leurs moines, leurs celliers, leurs grands-ducs. Ah ces ducs ! Ils logeaient mĂȘme Ă Bruxelles, c'est dire qu'ils avaient du rĂ©cits pinardiers font appel Ă Gilgamesh de la citĂ© d'Uruk et son Ă©popĂ©e le garçon, attristĂ© par la mort de son ami Enkidu, fit le tour du monde et un long voyage avant d'arriver chez Siduri, prĂȘte Ă lui rĂ©vĂ©ler le secret de l'immortalitĂ© et la suite dudit voyage. On oublie trop souvent que l'habile Siduri mit ses Ćufs dans deux paniers, la dĂ©esse Ă©tait tout Ă la fois taverniĂšre biĂšre et femme de la vigne vin. Elle ne nous est d'aucune utilitĂ© pour trancher le nĆud gordien tablette X Sur la plage marine Ă©tait installĂ©e La TaverniĂšre Siduri On lui avait fait un trĂ©teau-Ă -jarres On lui avait fait une cuve-Ă -biĂšre Elle Ă©tait tĂȘte couverte d'un voile. » Traduction de Jean BottĂ©ro, Gallimard, 1992, L'ĂpopĂ©e de GilgameĆĄ, le grand homme qui ne voulait pas mourir.Ă LIRE AUSSIUne ivresse crĂ©atrice Picasso et le vinLes rĂ©cits zythologiques font appel Ă l'ode, ou l'hymne, Ă Ninkasi, datĂ©e Ă peu prĂšs de la mĂȘme pĂ©riode que Gilgamesh, qui est une ode justement Ă la dĂ©esse de la biĂšre mĂ©sopotamienne ladite Ninkasi, mais surtout une recette de brassage. Amateurs de sensations fortes, Ă©vitez la biĂšre ninkasienne, elle Ă©tait une sorte de pain liquide, façon bouille, polenta, cataplasme qui se consommait avec des pailles pour en aspirer le jus tourbe tout en Ă©vitant les ça se situe au niveau des rĂ©cits, mais qu'en est-il des vraies boissons de nos ancĂȘtres ? Il faut alors se dĂ©placer de quelques milliers de kilomĂštres, sur la rive du fleuve jaune, Ă Jiahu trĂšs exactement. Ce n'Ă©tait pas encore la Chine avec sa muraille et ses virus, on Ă©tait en 7 000 avant JĂ©sus-Christ, autant dire le qu'expliquĂ© dans mon livre Pourquoi boit-on du vin ? Dunod, des chercheurs y ont dĂ©couvert des pots en argile. Ces rĂ©cipients portaient des traces d'une boisson primitive faite Ă base de riz fermentĂ©, de miel et de fruits. L'archĂ©ologue Patrick McGovern a Ă©mis l'hypothĂšse que la boisson hybride Ă©tait une combinaison de biĂšre, d'hydromel et de fruits macĂ©rĂ©s aubĂ©pine ou raisin.Autant les levures peuvent consommer glucose et fructose des fruits, autant elles sont en difficultĂ© face aux sucres complexes, tels que l'amidon des cĂ©rĂ©ales. Cette Ă©nigme dans l'Ă©nigme a Ă©tĂ© levĂ©e par les scientifiques la saccharification, soit la dĂ©composition des sucres complexes en sucres fermentescibles, fut le fait de champignons et autres moisissures. Bref, nos ancĂȘtres se dĂ©lectaient d'une proto boisson pourrie, vous me direz qu'elles le sont toutes, les levures participants de la famille trouver une trace encore plus ancienne, on peut dire, comme Ă L'Ăcole des fans de mon enfance tout le monde a gagnĂ©. Que les Français prĂ©fĂšrent la biĂšre au vin ou l'inverse, ils se consoleront en se disant que la proto boisson prĂ©historique Ă©tait autant biĂšre que vin, autant vin que biĂšre et autant ni l'une ni l'autre si l'on prend les standards modernes.*Le Pr Fabrizio Bucella est physicien, docteur en sciences, il enseigne Ă lâUniversitĂ© libre de Bruxelles. Sommelier et zythologue spĂ©cialiste de la biĂšre, il dirige lâĂ©cole dâĆnologie Inter Wine & Dine. Il professe Ă©galement dans les masters 2 du droit de la vigne et du vin de lâuniversitĂ© de Bordeaux et du droit du vin et des spiritueux de lâuniversitĂ© de Reims-Champagne-Ardenne. Il est lâauteur de nombreux ouvrages sur le vin et nous donne rĂ©guliĂšrement rendez-vous au travers de sa rubrique, Le prof en libertĂ©.
Cest dire si le petit Ruben, qui a vu le jour le 4 septembre 2011, grandit dans le monde de la voile. " J'ai navigué en Figaro (monocoque de 10 mÚtres environ) jusqu'à six mois de
MAROC. Mon choix de porter le voile date de plusieurs annĂ©es durant lesquelles je ne me suis gĂ©nĂ©ralement pas sentie diffĂ©rente. En effet, je vis dans un pays musulman oĂč rĂšgne une diversitĂ© prĂ©cieuse, dans laquelle le port du voile est loin de vous attirer tensions ou violences. NĂ©anmoins, et depuis le matin oĂč jâai pris cette dĂ©cision, demeurent ancrĂ©s dans ma mĂ©moire toutes ces rĂ©actions, ces regards et ces rĂ©pliques que jâai reçus lorsquâĂ des moments donnĂ©s et aux yeux des autres, seul mon voile mâa dĂ©finie. Aujourdâhui, lâaccumulation de ces situations, bien quâelles paraissent dĂ©risoires, ne mâa pas laissĂ©e indiffĂ©rente. Câest pour cette raison quâil y a 6 ans, jâaurais aimĂ© que lâon me dise certaines choses. 1 Tu pourras ĂȘtre rejetĂ©e dans le monde du travail. Jâai pris conscience de cette rĂ©alitĂ© pour la premiĂšre fois il y a plusieurs annĂ©es. Câest lâhistoire dâune connaissance fraĂźchement diplĂŽmĂ©e Ă qui le recruteur avait insinuĂ© sans scrupules que le seul moyen pour elle de dĂ©crocher le job Ă©tait de se passer de son voile. DĂšs lors, jâai cru que les annĂ©es passeraient et que le recruteur finirait par se rappeler que nous vivons dans un pays musulman oĂč le monde du travail est rĂ©gi par un code qui interdit clairement toute discrimination fondĂ©e sur des considĂ©rations religieuses, raciales, idĂ©ologiques ou politiques. Jâai cru quâau fil des annĂ©es, au lieu de mâinterdire un choix qui nâaffectera en rien mes compĂ©tences et ma motivation pour un poste X, sous prĂ©texte quâĂȘtre voilĂ©e est synonyme de repli sur soi, de manque dâouverture dâesprit et de mauvaise image face Ă la clientĂšle, le recruteur aurait pris le temps de redĂ©finir ce quâest rĂ©ellement lâouverture dâesprit. Jâai cru quâen 2016, le port du voile ne sera plus une barriĂšre » pour la simple raison que nous sommes en 2016 et que nous vivons Ă lâĂšre de la mondialisation. Jâai cru oublier cette histoire jusquâĂ ce que la rĂ©alitĂ© sâimpose on a proposĂ© Ă mon amie, durant un entretien pour un stage, de choisir entre son voile et le poste. Elle pouvait prendre 24 heures pour y rĂ©flĂ©chir. Mais on ne rĂ©flĂ©chit pas dans ce genre de situations⊠on a mal au cĆur. Ne tâen fais pas, car mĂȘme si ça existe bel et bien au Maroc, ce nâest pas le cas gĂ©nĂ©ral. Mais si par malchance, le poste qui tâintĂ©resse tâest refusĂ© pour la simple raison que tu es voilĂ©e, attache-toi Ă tes principes mais quelle que soit ta dĂ©cision, sache que toute lâĂ©quipe de Lallab te soutiendra et pense trĂšs fort Ă toi. 2 Tu inspireras du respect⊠mais pas forcĂ©ment le plus sain des respects. Câest certainement la meilleure des choses dâĂȘtre respectĂ©e par les gens, mais gĂ©nĂ©ralement quand on dĂ©cide de mettre le voile au Maroc â ce qui implique le fait de sâhabiller modestement » â, certaines personnes nous perçoivent dâune façon bien particuliĂšre. Une perception qui, Ă mon sens, mĂ©rite dâĂȘtre abordĂ©e. Un garçon qui ne mâavait jamais dit bonjour en me rencontrant dans les couloirs, sâapproche de moi le premier jour oĂč jâai exposĂ© » mon choix au vu de tous⊠et mâapplaudit. Tu as fait le bon choix », me dit-il tout en inclinant sa tĂȘte en signe de respect. Les premiers jours Ă©taient les plus rĂ©vĂ©lateurs car du jour au lendemain, des personnes â quoiquâelles nâaient pas Ă©tĂ© nombreuses â ont rĂ©agi Ă ma dĂ©cision dâune façon qui mâavait annoncĂ© Ă lâĂ©poque et reflĂšte aujourdâhui une vision dominante dans la sociĂ©tĂ© marocaine vis-Ă -vis du voile. Quelques jours aprĂšs, mâhabituant petit Ă petit Ă ma nouvelle situation, un autre garçon, Ă qui je parlais assez souvent, me salue pour la premiĂšre fois en se pliant presque en deux. QuâĂ©tais-je devenue ? Une sainte ? Quelques annĂ©es plus tard, alors que jâĂ©tais dans un marchĂ© avec une amie Ă©trangĂšre au pays, un vendeur de sacs me lance, aprĂšs sâĂȘtre assurĂ© quâelle ne parlait pas arabe Si je vous le vends Ă ce prix, câest uniquement parce que tu es voilĂ©e, une femme respectable et bent nass* ». Si ton amie Ă©tait venue toute seule, elle ne lâaurait pas eu Ă ce prix ». Tu vivras bien des situations de ce genre, qui auraient plu Ă beaucoup dâautres car elles indiquent que la sociĂ©tĂ© a dit son mot sur ton choix personnel⊠et quâelle lâa approuvĂ©. Ne te satisfais pas de ces situations, non pas parce que tu nâes pas digne de respect, loin de lĂ . Mais parce que ce respect en particulier, qui te sera adressĂ© uniquement parce que tu es voilĂ©e, insinuera que toute autre femme qui ne lâest pas nâen mĂ©rite pas autant. Câest triste et injuste ! * Bent nass », en arabe Fille dâune bonne famille. Selon la perception marocaine, câest gĂ©nĂ©ralement une fille qui a eu une bonne Ă©ducation, qui est pudique, qui ne sort pas le soir et qui a peu ou pas dâamis masculins. 3 Tu seras un extra-terrestre pour les Ă©trangers. Le choix du port du voile ne ressemble Ă aucun autre choix personnel, et dans des contextes particuliers, il nâest pas aussi personnel quâil parait lâĂȘtre. Ăa tourmente, ça dĂ©range et parfois⊠ça menace. Les mĂ©dias nous lâont bien fait comprendre ces derniĂšres annĂ©es. Le voile nâa rien de menaçant dans un contexte arabo-musulman, mais lorsquâune femme voilĂ©e dĂ©cide de quitter son pays, que ça soit pour chercher un travail, sâinstaller Ă lâĂ©tranger ou tout simplement faire du tourisme, elle se perd en considĂ©rations innombrables⊠dont les jugements des autres, et donc la crainte dâĂȘtre rejetĂ©e. Jâai quittĂ© le Maroc pendant un mois et demi pour prendre part Ă un projet Ă©ducatif qui rassemblait des bĂ©nĂ©voles, de nationalitĂ©s diffĂ©rentes. Lâacceptation y rĂ©gnait malgrĂ© la diversitĂ© et je mây suis faite des pour la vie. NĂ©anmoins, les regards curieux de nâallaient pas tarder. Quelques personnes Ă©prouvaient de lâhĂ©sitation Ă mâapprocher, alors quâelles semblaient trĂšs Ă lâaise avec les autres Est-elle abordable ? », disaient leurs regards. Ils ont obtenu leur rĂ©ponse dĂšs lors que jâai prĂ©sentĂ© un sujet devant lâensemble des chose qui traduisait quâeffectivement je lâĂ©tais. JâĂ©tais alors abordable⊠pour entendre ce quâon pensait de mon voile, car apparemment câest un sujet dâordre gĂ©nĂ©ral. Tu portes beaucoup trop de vĂȘtements » Est-ce que tu as des cheveux, au moins ? » Le soleil ne fera aucun mal Ă tes cheveux, crois-moi » A moi-mĂȘme et Ă mon amie Ă qui, dans un autre pays, on avait dit dâenlever son voile avant dâentrer en classe pour ne pas choquer » les Ă©lĂšves, jâaurais dit que oui, ces remarques â et mĂȘme si elles mâont Ă©tĂ© dites par une minoritĂ© â sâaccumulent⊠et ne sâoublient pas. Le problĂšme nâest pas un vĂȘtement de plus ou un rayon de soleil de moins, car ta lumiĂšre Ă©mane de lâintĂ©rieur, Ă travers les valeurs que tu portes et la spiritualitĂ© que cela te procure. 4 Tu nâĂ©chapperas pas au fameux dĂ©bat Voile tradition ou obligation ? » Chaque femme musulmane voilĂ©e dĂ©battra au moins une fois dans sa vie de ce sujet. Quels que soient les motifs lâayant poussĂ©e Ă porter le voile, elle nâĂ©chappera pas au fait de concevoir un argumentaire dans ce sens. Jâavais Ă©laborĂ© dans ma tĂȘte les rĂ©ponses Ă toutes les questions possibles, qui allaient me donner raison face aux autres, qui Ă©taient censĂ©es me rassurer. Je gagnais souvent mes dĂ©bats mais aujourdâhui je me rends compte que ce nâest pas ça lâimportant. Dans quelques situations, tu nâauras sĂ»rement pas toutes les rĂ©ponses du monde, mais le seul et unique argument qui importe, tu ne le devras quâĂ toi-mĂȘme et Ă personne dâautre. 5 Ton voile supposera pour beaucoup se cacher du regard des hommes. Le voile est malheureusement encore perçu comme moyen de soustraire la femme, objet de tentation, aux regards affolants des hommes. LâidĂ©e serait donc de couvrir les appĂąts fĂ©minins et ne pas les exposer Ă un homme victime car Ă©tant facilement attirĂ©. Une illustration avait longtemps circulĂ© sur les rĂ©seaux sociaux et est toujours employĂ©e pour dĂ©fendre » le port du voile Une sucette sans enveloppe câest comme une femme sans voile, elle est couverte de mouches Ă merde ». Je ne voudrais pas ĂȘtre comparĂ©e Ă une sucette parce que je ne peux ĂȘtre rĂ©duite Ă un objet, et cet exemple me fait plus de mal que de bien. Cet exemple ne me rassure pas sur mon choix et rĂ©duit Ă nĂ©ant la belle valeur symbolique du voile. Mon voile existe vis-Ă -vis de Dieu et non des hommes. Câest un symbole dâappartenance, une source de spiritualitĂ© et surtout un choix libre se rĂ©voltant face Ă cet unique modĂšle de libertĂ© quâon essaie de nous imposer.
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comment savoir si on est prĂȘte Ă porter le voile